Des portages et des remasters on en a vu défiler ces derniers temps. Il aura finalement fallu 16 longues années avant que Square Enix ne se décide à annoncer un nouvel épisode de la saga Mana. Piqûre de rappel pour les plus jeunes, la licence a fait ses armes en 1991 sous le nom Mystic Quest, un spin-off de Final Fantasy davantage orienté action-RPG. C’est surtout avec les trois épisodes suivants, Secret, Trials et Legend of Mana qu’elle a obtenu ses lettres de noblesse. Depuis, l’éditeur ne la ressortait du placard que pour des spin-offs au mieux moyens et plus dernièrement un remake plutôt réussi et qui s’est vendu plus qu’espéré.

On ne saura jamais si c’est ce succès commercial ou les demandes incessantes des fans cette dernière décennie qui auront motivé Square Enix, mais cette fois ça y est. Nouveaux personnages et histoire, retour des thèmes chers à la licence, mécanismes de jeu modernisés…Visions of Mana marquera le renouveau de la saga, avec un épisode principal entièrement inédit. Un jeu qui se veut plus moderne, mais fidèle à l’essence de la saga. Nous avons pu y jouer pendant un peu moins de deux heures, et qu’on se le dise, c’est bien engagé.

La licence Mana s'ouvre un peu plus

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Val et Hina, les deux personnages principaux de Visions of Mana ©Square Enix

Tous les quatre ans, plusieurs personnes du monde entier sont désignées comme offrandes. Le privilège d’une vie, qui permet aux heureux élus de voyager jusqu’à l’Arbre de Mana, accompagnés de leur gardien d’âmes, afin de régénérer le cycle. Dans le petit village du feu, Tiana, le choix de la fée s’est porté sur Hina, amie d’enfance de Val qui devra donc s’assurer de sa protection. C’est quelque temps après le début de leur pèlerinage et deux alliés en poche qu’on retrouve le petit duo au milieu d’une grande étendue verdoyante et chatoyante, laissant place à l’exploration. C’est immédiatement frappant, Visions of Mana emprunte énormément au remake paru en 2020 en reprenant son nouvel écrin en 3D, plus conforme à notre temps. On vous rassure, il se défait à première vue de ses vilaines lacunes et de ses textures peu inspirées pour un rendu plus lisse, plus propre, et franchement beau comme tout. Visions of Mana a un minois aussi joli et adorable que les créatures que nous avons dû terrasser à contrecœur, mais c’est surtout sa direction artistique vive et ses jeux de couleurs maîtrisés qui charment immédiatement. L'univers si féerique de la licence est immaculé et plus beau que jamais. Le jeu a un véritable cachet, contrairement aux premiers environnements, assez convenus pour le moment. 

Comme toute production de nos jours, Visions of Mana s’ouvre un peu plus avec de grandes zones à arpenter, plus riches et vastes que ses prédécesseurs, mais l’exploration nous a semblé un poil trop limitée lors de ce premier contact. On le précise encore une fois, il ne s’agit que du début du jeu et on gage qu’il y aura des choses plus intéressantes à faire dans la version finale. Pour le moment, cette partie consiste simplement à récupérer des coffres cachés ici et là, de ramasser des objets disséminés sur notre chemin (sans doute pour crafter par la suite, mais nous n’avons pas pu obtenir confirmation), taper la faune locale trop adorable pour être terrassée, mais aussi échanger avec des PNJ qui donneront des quêtes. Très classique donc, tout comme les deux missions disponibles pendant notre session, qui demandaient simplement de laminer une poignée de monstres. Quelques créatures plus retorses n’attendaient que l’affrontement à certains endroits, mais aucune d’elles ne nous a réellement mis en difficulté. Elles semblaient néanmoins donner des objets spéciaux dont l’utilité est encore secrète, espérons qu’elles gagnent en intérêt à mesure de la progression.

L’exploration s’annonce des plus convenues, mais Visions of Mana devrait tirer sur la corde sensible de plus d’un joueur (moi la première) avec les Pikuls, ces nouvelles mascotte adorables comme tout qui pourront être appelées à l’aide d’une cloche. Cette monture servira surtout à traverser les vastes zones plus rapidement et à envoyer valdinguer la faune locale qui oserait se mettre sur notre passage. Notre cher destrier (j’ai dit qu’il était mignon ?) ne semble cependant pas être disponible à tout moment. 

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Les pikuls, cruellement trop adorable ©Square Enix

Un gameplay qui s'annonce classique

Cette première prise en main de Visions of Mana mettait avant tout l’accent sur les combats. Le jeu s'inscrit dans la droite lignée du remake paru quelques années plus tôt, qui avait déjà entamé un joli travail de modernisation. Là encore, ce nouvel épisode reprend tous les codes classiques des actions-RPG actuels. Une roue de compétences, des techniques assignées à un combo de touches, une attaque normale et une plus puissante, une esquive et enfin une compétence spéciale qui nécessite de remplir une jauge commune aux personnages… tout y est. Et contrairement à FF7 Rebirth et son prédécesseur, le menu des attaques arrête entièrement le temps, là où il n’est que ralenti pour Cloud et sa clique. 

Ce nouveau Mana ne s’en cache pas, il s’adresse ouvertement à un public moins expérimenté, en résulte un gameplay fondamentalement classique et qui manque pour l’heure cruellement de patate. Non pas que ce soit mauvais, au contraire les enchaînements aériens ont de la gueule, mais les affrontements nous ont semblé assez mous, les coups manquent d’impact - surtout quand notre premier boss n’est qu’un petit sac de PV pas bien difficile -, et le système de ciblage est complètement à revoir. On peut très bien lock un ennemi, sauf que la caméra ne se focalise absolument pas dessus ce qui rend la mécanique complètement inutile.

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Visions of Mana devrait davantage tirer son épingle du jeu grâce aux spécificités de la licence : les reliques spirituelles, ces objets mystiques qui abritent le pouvoir des éléments. En exploration, elles permettront d’accéder à des endroits autrement inaccessibles, mais c’est surtout en combat qu'elles seront plus intéressantes puisqu'elles changent les classes des personnages. En en équipant une, l'épéiste le plus agile peut se transformer en rogue à deux dagues, quand le combattant à l’arme à deux mains devient plus chevaleresque en optant pour un bouclier. Le feeling change à chaque fois, grâce aux compétences, movesets et types d’armes qui varient en fonction des combinaisons. La sphère de Luna permet par exemple au combattant qui est équipé de ralentir le cours du temps ou de créer de puissantes poches d’énergie. Et comme tous les personnages sans exception peuvent s'équiper de chacune de ces reliques, le jeu vous invite à l’expérimentation et à trouver le style qui vous semble le plus adapté pour chacun. Impossible de ne pas se prêter au jeu. De quoi pimenter un gameplay autrement classique. Est-ce un mal pour autant ? Pas forcément. Le jeu se prend facilement en main et reste fun, même si on espère plus d'originalité dans la version finale.

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Les classes des héros changent selon les reliques équipées ©Square Enix

On l'attend... quand même beaucoup

Visions of Mana semble bien parti pour être ce petit jeu sans prise de tête avec un feeling old school comme on aime. Le jeu parvient à charmer dès les premiers instants grâce à sa direction artistique colorée et vibrante et son bestiaire adorable comme tout. Un mélange entre classique et modernité fun et facile à prendre en main, et qui devrait s’adresser avant tout à un public plus jeune, voire moins expérimenté. Reste à voir s’il parviendra à apporter son propre cachet côté gameplay, qui manque pour l'heure d'originalité. On sait de toute façon que l’histoire sera la colonne vertébrale du jeu, mais impossible de tirer quoi que ce soit sur ce point avec cette première mise en bouche plutôt positive (et trop adorable). Ce que nous avons vu n'est qu'une petite fraction du jeu et on ne demande qu'à en voir plus. Visions of Mana sera disponible sur PS5, PS4, Xbox Series et PC dans le courant de l’année.